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La cinématographie du film est époustouflante, la teinte dominante de chlore et les pastels roses donnant au sanatorium moderne une atmosphère médicinale des années 1950. Image après image oblige le spectateur à s'arrêter et à rester bouche bée d'admiration. Il appartient à un film mieux conçu qui pourrait relier tous les brins curieux de l'histoire et de l'esthétique : des réservoirs d'eau pleins de corps (pacifiquement relaxants ou morts ?), des secrets gothiques impliquant des expériences médicales sur des villageois suisses et l'aliénation du service au capital. . Il souffre, aussi, de l'évidence de la comparaison avec Shutter Island, qui est le film le plus net des deux. Ce qui manque à la conception de A Cure for Wellness, cependant, il le compense par les anguilles, et rien que pour cela, cela vaut la peine d'être regardé - les futurs concurrents de l'horreur à base d'anguilles ont une barre haute à franchir.
The Fly (1986) de Cronenberg a été canonisé comme un classique de l'horreur de la science folle, mais le thriller médical moins connu Dead Ringers mérite plus d'attention. Jeremy Irons joue en douceur un double rôle difficile en tant que frères jumeaux, Elliot et Beverly Mantle, tous deux gynécologues. (Par coïncidence, Irons a joué dans un autre film de 1998 avec un double rôle – L'homme au masque de fer, dans lequel Leonardo DiCaprio est à la fois le roi Louis et Philippe.)
Elliot et Beverly sont intimes et codépendants ; ils prétendent souvent être l'un l'autre, et cet arrangement permet à Elliot confiant et suave de récolter les fruits de la carrière du génie gynécologique de son frère tout en fournissant à Beverly, timide, des femmes dupées pré-séduites par Elliot. Le comportement affable de Beverly lui donne une couverture pour sa misogynie profonde, tout comme son autorité en tant que médecin (être blanc, homme, chic et Jeremy Irons aide également), mais cette façade s'éloigne à mesure que l'obsession de Beverly monte, et finalement les pathologies des deux frères sont déterrés, avec un effet dévastateur.
Des gynécologues jumeaux avec une mauvaise éthique entourant le consentement sont un véhicule parfait pour la focalisation obsessionnelle de Cronenberg sur la violence de la curiosité. Dans une des premières scènes, Elliot remplace Beverly au milieu d'un examen pelvien sur l'actrice Claire Niveau (jouée par Geneviève Bujold) sans le dire à sa patiente – commettant ainsi une agression sexuelle avec désinvolture. Il s'avère qu'elle est intersexe et qu'elle a un utérus inhabituel, « fabuleusement rare » ; cela excite Elliot, dont l'appréciation du corps (« J'ai toujours pensé qu'il devrait y avoir des concours de beauté pour l'intérieur des corps. Vous savez, la meilleure rate ») correspond de manière désagréable au désir d'Humbert Humbert de mettre Dolores « à l'envers » dans Lolita. (Un autre parallèle étrange : sept ans après l'échelle de Jacob,
Dead Ringers est une exploration aussi appropriée de la misogynie médicale qu'il est difficile de surveiller toute personne dont l'autonomie a été violée par un OBGYN ou un fournisseur de soins de santé sexuelle ; cette formule demande à être renversée, et nous pourrions avoir de la chance – apparemment, une série télévisée Amazon (Rachel Weisz devrait faire la une et produire exécutif et Alice Birch pour écrire) est en préparation. Espérons que les Dead Ringers réinventés puissent élargir leur portée, car la santé sexuelle et reproductive a été de plus en plus reconnue ces dernières années comme un site de traumatisme médical profond pour de nombreuses populations, y compris les femmes noires et autres femmes de couleur et les personnes intersexes et trans. La formule est mortelle, et elle pourrait être mortelle avec une portée élargie.
After Chapitre 3 (2021), dir. Brandon Cronenberg
Brandon Cronenberg, fils de David Cronenberg, a récemment été acclamé pour sa nouvelle sortie, Possessor (2020), un thriller sombre et bouleversant sur un assassin sauteur (Andrea Riseborough, hantant nos écrans indépendants depuis Mandy en 2018). Le scepticisme quant à l'horreur indépendante en tant qu'entreprise familiale est justifié, mais il s'avère que Brandon Cronenberg est un très, très bon réalisateur – nous ne pouvons donc qu'espérer que son récent succès attirera l'attention sur son premier film After Chapitre 3 Streaming VF , un drame médical transhumaniste tout aussi sombre.
Antiviral se déroule dans un avenir proche où la culture des célébrités a fusionné avec les marchés émergents de la biotechnologie, créant des sociétés qui vendent des steaks de célébrités cultivés en cuve et des greffes de peau à des clients exigeants. Caleb Landry Jones incarne Syd March, un employé d'une entreprise qui vend des maladies de célébrités cultivées directement à partir de leur corps, promettant une connexion intime (à la limite de l'obscène) avec vos idoles. Au fur et à mesure que Syd est impliqué dans des stratagèmes croissants autour de souches virales propriétaires volées, il devient lui-même de plus en plus malade. Antiviral est audacieux dans la nausée de son ton, jamais franchement plaisant mais toujours envoûtant. Syd, malade de manière convaincante et complètement aliéné, se fraie un chemin à travers des intérieurs désaturés et trop lumineux (chaque pièce évoquant un hôpital) où les seules couleurs vives se trouvent dans le sang et les photos de célébrités brillantes.
Malgré toute sa nervosité, David Cronenberg est parfois limité par un pessimisme misanthrope qui semble l'empêcher d'explorer les possibilités de sa propre imagination merveilleusement enfiévrée. Pourquoi ne pas laisser les personnages explorer les possibilités de leur orgueil avant de les frapper ? C'est là qu'Antiviral se démarque: cynique dans sa représentation de personnes solitaires cherchant désespérément quelque chose, n'importe quoi, il laisse ouverte la possibilité que les pailles auxquelles ils s'accrochent pourraient leur accorder une certaine paix, alors que Syd, initialement un escroc sceptique, commence à tomber pour le terrain lui-même. Cela est dû en grande partie à la solitude désespérée du monde d'Antiviral : au moment où vous aurez enduré ce monde inhumain pendant toute la durée du film, vous pourrez peut-être vous aussi embarquer.
TESTAMENT DU PROFESSEUR DOWELL (1984), réal. Léonide Ménaker
La production cinématographique soviétique laissait peu de place à l'horreur, mais des éléments de celle-ci ont commencé à apparaître à la fin des années 1970 et dans les années 1980, principalement dans la science-fiction. Le Testament du professeur Dowell, basé sur un roman de l'auteur de science-fiction Alexander Belyaev, est plus horrible dans ses implications que dans son expérience de visionnage, mais il correspond facilement à toute autre entrée de cette liste en termes de force et d'étrangeté de concept.
Le professeur Dowell (Olgerts Kroders) est un scientifique décédé alors qu'il travaillait sur une formule pour un composé vital qui rendrait possible la transplantation du corps entier. Ranimé sur la base des instructions de son testament par son assistant sans scrupules, le Dr Korn (Igor Vasiliev), il vit comme un chef désincarné dans un laboratoire. Le film utilise cette vanité simple à bon escient, exposant simplement mais efficacement les conflits éthiques et métaphysiques inhérents au fait de repousser les limites de la mort. Nous voyons Dowell d'abord à travers des séquences vidéo, puis commémoré dans une statue représentant uniquement sa tête (une belle touche), puis enfin sous forme de tête avec des fils. La performance de Kroders fonde la situation potentiellement absurde dans un sens de gravité, alors qu'il entonne tristement des avertissements terribles à d'autres Frankensteins potentiels.
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